LECTURES DE SALUT PUBLIC
Rencontrer l'art aujourd'hui, cela signifie quoi?
EVENEMENT ANNULE
Le Dôme - Saumur
Entrée gratuite – Réservation conseillée
Lectures de Salut public
Des «Oh !» et débats
A l’instar du Théâtre National Populaire de Jean Vilar et sur les pas de Nicolas Liautard, la rencontre entre les oeuvres essentielles (pas forcément connues du grand public) et le cheminement intellectuel, poétique et sensible de tout citoyen sont toujours à inventer sous des formes nouvelles. L’idée de ces « Lectures de salut public » est de vous proposer d’aborder des thématiques et des courants de pensée qui, de l’Antiquité à aujourd’hui, ont fait ce que nous sommes. Ouvertes à tous, elles sont à la fois débats avec des philosophes, poètes, artistes, scientifiques, économistes, sociologues, le public… et lectures éclairées par des comédiens.
Nous savons que chaque oeuvre d’art est réalisée seulement en partie par son auteur : c’est le spectateur, le lecteur ou l’auditeur qui complète le reste en apportant sa propre sensibilité, sa propre expérience et sa propre culture. Pour André Malraux, l’idée de « comprendre une oeuvre » n’est pas moins confuse que de « comprendre un homme » ; car il ne s’agit pas de rendre une oeuvre intelligible mais de rendre sensible à ce qui fait sa valeur.
Enjeu majeur de la démocratie contemporaine, comment aujourd’hui imagine-t-on la rencontre entre l’oeuvre et les publics ?
Lecture - Débat
« On s’exile, on quitte le pays dans l’idée que la guerre se termine. On est en 1978, j’ai 10 ans. On prend l’avion, on arrive à Paris avec un permis de séjour de six mois qui nous autorise à aller à l’école. Je rentre au CM2 sans parler un mot de français. Je fais face au choc d’être dans une classe sans rien comprendre et d’apprendre très vite. Au cours de cette période en France, on m’a emmené au Musée. Mon premier étonnement fut au Louvre, devant Le Sacre de Napoléon de David. Il faut souligner que je n’avais jamais vu de tableau de ma vie – sauf à l’église, mais c’était toujours le Christ en croix. C’était la première fois que je voyais des pommes toutes seules, des gens nus, des oeuvres, des portraits. Face à ce tableau, le professeur demande « qui l’a peint ? ». Un de mes camarades a répondu : « un artiste ». À ce moment là, le mot artiste a résonné pour moi comme une statue qui bouge, c’est à dire quelque chose de l’ordre du miracle. Si un humain parvenait à faire une telle peinture, ce devait être nécessairement quelqu’un d’incroyable, qui n’existe pas, qu’on ne rencontre pas. Très vite, dans mon esprit, un artiste est devenu aussi rare qu’une statue qui bouge. C’est comme lorsque je vais dans les lycées pour parler avec les élèves, et qu’ils sont surpris de me voir, parce qu’ils considèrent qu’un auteur de théâtre est nécessairement quelqu’un de mort. Qu’un auteur soit vivant, c’est le même étonnement pour eux que pour moi quand j’ai compris ce qu’était un artiste. »
Wajdi Mouawad raconte sa rencontre avec l’art.
Lectures de Salut public
Des «Oh !» et débats
A l’instar du Théâtre National Populaire de Jean Vilar et sur les pas de Nicolas Liautard, la rencontre entre les oeuvres essentielles (pas forcément connues du grand public) et le cheminement intellectuel, poétique et sensible de tout citoyen sont toujours à inventer sous des formes nouvelles. L’idée de ces « Lectures de salut public » est de vous proposer d’aborder des thématiques et des courants de pensée qui, de l’Antiquité à aujourd’hui, ont fait ce que nous sommes. Ouvertes à tous, elles sont à la fois débats avec des philosophes, poètes, artistes, scientifiques, économistes, sociologues, le public… et lectures éclairées par des comédiens.
Nous savons que chaque oeuvre d’art est réalisée seulement en partie par son auteur : c’est le spectateur, le lecteur ou l’auditeur qui complète le reste en apportant sa propre sensibilité, sa propre expérience et sa propre culture. Pour André Malraux, l’idée de « comprendre une oeuvre » n’est pas moins confuse que de « comprendre un homme » ; car il ne s’agit pas de rendre une oeuvre intelligible mais de rendre sensible à ce qui fait sa valeur.
Enjeu majeur de la démocratie contemporaine, comment aujourd’hui imagine-t-on la rencontre entre l’oeuvre et les publics ?
« On s’exile, on quitte le pays dans l’idée que la guerre se termine. On est en 1978, j’ai 10 ans. On prend l’avion, on arrive à Paris avec un permis de séjour de six mois qui nous autorise à aller à l’école. Je rentre au CM2 sans parler un mot de français. Je fais face au choc d’être dans une classe sans rien comprendre et d’apprendre très vite. Au cours de cette période en France, on m’a emmené au Musée. Mon premier étonnement fut au Louvre, devant Le Sacre de Napoléon de David. Il faut souligner que je n’avais jamais vu de tableau de ma vie – sauf à l’église, mais c’était toujours le Christ en croix. C’était la première fois que je voyais des pommes toutes seules, des gens nus, des oeuvres, des portraits. Face à ce tableau, le professeur demande « qui l’a peint ? ». Un de mes camarades a répondu : « un artiste ». À ce moment là, le mot artiste a résonné pour moi comme une statue qui bouge, c’est à dire quelque chose de l’ordre du miracle. Si un humain parvenait à faire une telle peinture, ce devait être nécessairement quelqu’un d’incroyable, qui n’existe pas, qu’on ne rencontre pas. Très vite, dans mon esprit, un artiste est devenu aussi rare qu’une statue qui bouge. C’est comme lorsque je vais dans les lycées pour parler avec les élèves, et qu’ils sont surpris de me voir, parce qu’ils considèrent qu’un auteur de théâtre est nécessairement quelqu’un de mort. Qu’un auteur soit vivant, c’est le même étonnement pour eux que pour moi quand j’ai compris ce qu’était un artiste. »
Wajdi Mouawad raconte sa rencontre avec l’art.